Comprendre (enfin) les différents modes de travail hybride

travail hybride

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Alors que 80 % des grandes entreprises françaises ont fait le choix de passer au travail hybride, ce dernier semble de moins en moins être une lubie héritée de la pandémie, mais plutôt d’être devenu le nouveau normal. Il serait même un avantage compétitif pour attirer et retenir les talents. Ainsi, selon Les Echos, 72 % des employés considèrent qu’il s’agit d’un modèle plus approprié que le traditionnel métro-boulot-dodo (et franchement, on les comprend).

Mais le travail hybride (ou faudrait-il plutôt dire les formes de travail hybrides, tant les formules sont nombreuses) pose aussi des questions. Un manager sur deux émet encore des réserves à son sujet en raison des défis organisationnels et relationnels qu’il pose.

Alors si vous envisagez de faire le grand saut vers l’hybride, nous vous avons préparé une belle antisèche sur cette nouvelle forme d’organisation du travail. Quels sont ses avantages ? Quelles sont les entreprises qui se sont lancées avant vous ? Et y a-t-il vraiment anguille sous roche ou le travail hybride est-il vraiment la panacée ? Plongée dans un futur plus flexible (mais aussi un poil plus chaotique) du travail.

Qu’est-ce que le travail hybride ?

Le travail hybride, c’est un peu comme un malabar bi-goût (ça vous rappelle des souvenirs ?). D’un côté, il offre les avantages de travailler au bureau, la joie de retrouver les collègues à la machine à café et de faire des batailles de purée à la cantine. De l’autre, il permet de travailler de n’importe où (une plage de sable blanc, un coworking ou le fond de votre lit, au choix) et de profiter de temps calmes pour se concentrer sur des tâches complexes.

Vous l’aurez compris : l’idée est de donner la possibilité à vos employés de venir travailler dans vos bureaux ou de le faire à distance. Le télétravail, c’est finalement un peu comme une garde alternée : les collaborateurs peuvent partager leur temps comme ils l’entendent.

Pour de nombreuses entreprises, le travail hybride est la suite logique du full remote imposé durant la pandémie. Si beaucoup de travailleurs ont apprécié le temps gagné en évitant les transports de leur domicile au travail, nombreux ont été les nostalgiques de l’aspect social de la vie de bureau.

Ainsi, si certaines entreprises ont décidé d’adopter le télétravail à 100 %, la grande majorité a opté pour le travail hybride. D’autant plus qu’il existe désormais une foule d’outils (sur site et dans le cloud) pour faciliter la collaboration entre ceux qui sont aux bureaux et ceux qui travaillent à distance.

Travail hybride ou travaux hybrides ?

Ce qui rend le travail hybride potentiellement plus intéressant que le full remote, c’est son côté flexible. En offrant à vos collaborateurs le choix entre travailler de chez eux ou venir au bureau, vous ne prenez pas de décision définitive (et vous évitez de regretter plus tard d’avoir déchiré le bail de vos bureaux). Et au passage, vous n’obligez pas vos collaborateurs à faire de même.

Selon vos besoins et vos envies, vous pouvez donc parfaitement faire évoluer la répartition entre temps de travail en présentiel et à distance que vous proposez à vos collaborateurs, en fonction des périodes d’affluence ou des demandes de ces derniers. Le meilleur des mondes, somme toute !

Mais en réalité, il ne faudrait pas tant parler de travail hybride que de modèles de travail hybride. Vous pouvez en effet créer le vôtre en fonction de votre environnement de travail ou des profils qui évoluent dans votre entreprise… Un peu comme quand on crée son propre sandwich Subway (avec les calories en moins).

Les modèles de travail hybride adaptés à l'environnement de travail

Alors concrètement, quels sont les différents modèles de travail hybride qui ont la cote ces derniers temps ? Pour y voir plus clair, première étape : définir quel est l’environnement de travail privilégié par votre organisation.

On distingue ainsi ces différents modes de travail hybride :

  • • Le modèle à volonté (ou remote-first). Comme son nom l’indique, il consiste à donner à vos employés la possibilité de choisir leur formule, tout en donnant la priorité au travail à distance. Ils peuvent néanmoins toujours revenir dans vos bureaux (ou se retrouver dans des espaces de coworking). Cette configuration est idéale pour les réunions et les échanges en face à face, ou les rencontres avec des clients. En revanche, le côté à la carte rend le tout un peu imprévisible… voire anarchique. Moins vous contrôlez les conditions de télétravail de vos collaborateurs, plus vous vous exposez au risque d’être confronté à des bureaux vides, ou au contraire une affluence trop importante des collaborateurs sur certaines périodes. Et il n’y a rien de pire que de devoir refuser l’entrée à ces derniers (on n’est pas en boîte de nuit, quand même).

  • • Le modèle office-first. Grosso modo, c’est la même chose, sauf que des sessions en présentiel ne sont pas uniquement possibles, elles sont vivement encouragées, voire obligatoires dans certains cas. Le modèle office-first est une excellente option si votre productivité repose essentiellement sur la collaboration entre vos équipes. Il est aussi moins disruptif pour les grands groupes et plus facile à mettre en place, car il permet de conserver un certain cadre et d’avoir une meilleure visibilité sur le cadre de travail de chacun.

Les modèles de travail hybride qui dépendent de votre calendrier

Il existe également différents modèles de travail hybride qui s’organisent autour du calendrier des collaborateurs. Ils permettent notamment d’organiser la bonne rotation des équipes en présentiel, afin d’éviter les embouteillages à la machine à café.

  • • Le modèle de semaine fractionnée. Cette configuration fonctionne tout simplement en attribuant des jours spécifiques au travail sur site et à distance. Par exemple, un département peut travailler au bureau la première moitié de la semaine avant d’être remplacé par d’autres équipes pour la seconde moitié. De cette façon, vos bureaux ne seront jamais surpeuplés et vos employés auront toujours la possibilité de se retrouver et de collaborer de manière régulière. Le seul hic de cette approche, c’est qu’elle n’est pas vraiment optimale pour les interactions entre départements…

  • • Le modèle semaine par semaine. Si vous pensez que le modèle de la semaine fractionnée ne convient pas à votre entreprise, vous pouvez tester la méthode semaine par semaine. C’est à peu près le même principe, sauf qu’elle consiste à attribuer des semaines de travail spécifiques (et non des jours) à chaque groupe d’employés. Le problème est que ce modèle n’est pas vraiment adapté aux situations de crise ou aux petits imprévus. Il permet certes aux grandes entreprises de réduire leurs besoins en matière d’espace de bureaux, mais les rend moins agiles.

Les modèles de travail hybride selon le profil de vos employés

Last but not least, vous pouvez opter pour un modèle de travail hybride qui s’organise en fonction des profils spécifiques (et souvent variés) de vos collaborateurs.

Globalement, le concept de travail hybride par équipes désignées consiste à créer un package unique pour chaque profil. Certaines équipes seront ainsi amenées à travailler uniquement en présentiel, tandis que d’autres pourront parfaitement opter pour le full remote si elles le souhaitent.

C’est une formule qui est non seulement préférable, mais même obligatoire pour certaines organisations. Imaginons par exemple que vous ayez besoin de sécuriser vos bureaux ou qu’un certain nombre de collaborateurs soit toujours sur place pour contrôler vos machines. Pour ces derniers, le full remote n’est pas envisageable. Pour d’autres, c’est plus simple : vos équipes administrative, informatique, marketing ou commerciale n’auront en général pas besoin d’être physiquement présentes pour faire leur travail.

Ce modèle est donc intéressant pour les verticales d’activité dont la production ou la sécurité dépendent d’une main d'œuvre physiquement présente, mais qui souhaitent tout de même réduire leurs coûts opérationnels. Attention ceci dit, ce type de fonctionnement peut créer une déconnexion entre les travailleurs sur site et ceux à distance, jusqu’à créer du ressentiment… Heureusement, il n’existe que peu de choses qu’un bon week-end de team building ne puisse régler (à notre humble avis) !

Vous vous demandez encore comment, concrètement, ces différentes approches du télétravail se matérialisent dans les entreprises ? Nous vous avons préparé une sélection d’exemples aussi inspirants que variés. C’est parti !

4 entreprises qui ont choisi le travail hybride (de la plus centralisée à la plus horizontale)

Pour vous donner une meilleure idée de ce à quoi le modèle de travail hybride pourrait ressembler dans votre entreprise, voici notre top 4 d’exemples concrets.

Apple a récemment mis en place sa politique de travail hybride. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le géant américain a adopté une approche relativement rigide. Les lundi, mardi et jeudi sont des jours fixes au bureau, ce qui a poussé certains C-levels à la démission (et franchement, on les comprend, un tel agenda ce n’est pas très sympa). Bien qu'elle soit critiquée, la politique d'Apple n’en reste pas moins hybride. Elle manque simplement de la flexibilité à laquelle de nombreux travailleurs à distance se sont habitués pendant la pandémie.

Chez Meta, les choses sont légèrement plus flexibles (mais pas trop)… À la suite de la pandémie, l’ex Facebook n’a jamais caché son ambition de faire revenir ses employés au bureau. En 2021, l’entreprise a néanmoins opté pour une approche plus conciliante, demandant à ses équipes de travailler en présentiel au moins 50 % du temps. Meta a également prévu un programme dit de « report » pour permettre aux plus récalcitrants de repousser leur retour de 3 à 5 mois.

Du côté de chez Amazon, le travail hybride a été adopté en 2022, mais sans fixer un nombre de jours précis à passer au bureau. L’entreprise délègue cette décision aux chefs d'équipe. Un bon moyen de pousser la flexibilité et la personnalisation plus loin !

Comble de la flexibilité, Salesforce propose trois formules à ses employés : 1 à 3 jours au bureau, le full remote ou le full office (pour les positions qui nécessitent une présence physique). Chaque collaborateur choisit donc le modèle qui lui correspond le mieux. Hubspot lui a d’ailleurs emboîté le pas avec 3 options relativement similaires.

Les défis du travail hybride et comment les surmonter

Le travail hybride a beau offrir des avantages (plus de flexibilité, moins de coûts), il a aussi son lot de casseroles. Comme le full remote, il n’est pour commencer pas fait pour tous les secteurs d’activité. Certaines entreprises ont besoin que leurs employés soient présents physiquement au bureau. La vôtre compte peut-être sur la collaboration entre des membres de différentes équipes pour mener à bien certains projets… Bref : tout le monde ne s’y retrouve pas.

Plus inquiétant, le modèle hybride peut aussi être une source de stress pour les dirigeants comme leurs employés. La formule à la carte est très séduisante sur le papier, mais vous aurez parfois du mal (surtout au début) à suivre les horaires de chacun de vos collaborateurs. Sans compter que le travail à distance se traduit aussi par une infiltration un peu insidieuse de la vie pro dans la vie perso… Et peut pousser vos équipes à travailler plus, prendre moins de pauses, et finir complètement lessivées.

Posez de bonnes bases à votre organisation hybride

Si vous restez convaincu de la pertinence du travail hybride pour votre entreprise, sachez que le switch ne s’improvise pas. Bien au contraire, il suppose de mettre en place des bases solides. À commencer par une suite d’outils suffisamment robuste et intuitive pour qu’elle puisse soutenir la collaboration à distance et la protection de vos données.

Mettez surtout en place un accompagnement compréhensif et bienveillant de vos collaborateurs. Certains peuvent être réticents à une méthode de travail hybride, soit parce qu’ils veulent retourner sur leur lieu de travail, soit parce qu’ils ont pris un peu trop goût au travail à distance.

Dans tous les cas, vos équipes peuvent mettre du temps à retrouver leurs marques. Soyez patient et à l’écoute, prenez les feedbacks que l’on vous donnera (même s’ils ne seront pas toujours agréables à entendre).

Noémie Kempf

Content Strategist et créatrice du podcast The Storyline, Noémie Kempf explore les rouages du storytelling et a rédigé de nombreux articles sur la place des marques dans le futur du travail.

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