Travail en full remote : nouvelle norme ou exception ?

full remote

Partager l’article

En 2020, sous l’impulsion de la pandémie, travailler en full remote est devenu une nécessité pour une grande partie des travailleurs français. Résultat : nous avons tous découvert les joies du travail en pyjama depuis son lit et les multiples défis de la visioconférence… (Combien de fois avons-nous tous plus ou moins patiemment répété « Tu m’entends ? Je crois que tu es sur mute ! »)

Mais plusieurs années plus tard, alors que les bureaux ont rouvert, que nous reste-t-il de ces longs mois de télétravail forcés ? La réponse à cette question est multiple : de nombreux employeurs ont rétabli les règles du « monde d’avant », rappelant leurs collaborateurs au bureau. D’autres ont opté pour un modèle hybride, à mi-chemin entre présentiel et distanciel. Mais certaines entreprises ont choisi le tout-télétravail, en faisant leur nouveau mode de fonctionnement par défaut. Une décision qui a ravi les plus casaniers (ainsi que les collaborateurs nomades dans l’âme), mais qui ne convient pas pour autant à tout le monde…

Si vous envisagez d'emboîter le pas aux (rares) entreprises françaises ayant implémenté une politique du full remote, voici quelques pistes de réflexion à intégrer avant de sauter le pas.

Remote ou full remote… Telle est la question

Le concept du travail « en remote » (ou à distance, en bon français) est simple : plutôt que de pointer tous les jours au bureau (et de vous forcer à sourire aux blagues potaches de vos collègues), vous pouvez travailler d’où vous le souhaitez. En général, ce sera de chez vous, mais pas forcément. On peut en effet travailler en remote depuis un espace de coworking, dans une autre ville et même à l’autre bout du monde.

Si le travail à distance n’est pas une nouveauté, il s’est largement démocratisé avec la crise de la Covid-19. De nombreuses entreprises, qui ne le pratiquaient pas jusque-là ont bien dû s’y mettre. Et de nouveaux outils ont vu le jour (ou leur usage a complètement explosé) pour les y aider. On pense notamment au boom incroyable de la plateforme Zoom ou à la création de solutions dédiées comme Remote.io.

La petite subtilité avec le full remote, c’est que plutôt que de passer un ou deux jours par semaine à la maison, l’entreprise fait le choix de n’avoir aucun bureau. Ainsi, le télétravail devient la norme plus qu’une exception ponctuelle. Et les collègues deviennent des icônes dans les outils de messagerie ou des visages en 2D durant les visioconférences… Ce qui n’est pas forcément désagréable, mais qui n’est pas adapté à tous les profils de collaborateurs.

Le full remote est-il fait pour tout le monde ?

Sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, la réponse à cette question est assez évidente. Encore une fois, il suffit de se replonger quelques années en arrière pour comprendre que les métiers dits « essentiels » dans les secteurs de la santé ou des services ne sont pas vraiment compatibles avec le full remote.

Sur le papier, les métiers du secteur tertiaire (et plus précisément les métiers du numérique), sont en effet plus facilement concernés par le télétravail. On pense aux data scientists, aux community managers ou encore au full-stack developers… Bref, à toutes ces professions dont on ne prend même plus la peine de traduire le nom en français.

Mais le travail 100 % à distance est-il réellement cantonné aux métiers de la tech ? Qu’en est-il des managers, des commerciaux ou des comptables ? En théorie, rien ne les empêche d’adopter le full remote, mais ils sont aussi plus susceptibles de perdre en efficience et en efficacité que leurs petits camarades dans la tech. Difficile de répondre à cette interrogation : seul le futur nous dira si tous les métiers sont bel et bien compatibles au full remote et sous quelles modalités. Cependant, pas besoin d’embarquer dans la DeLorean de Doc et Marty MacFly pour avoir la réponse : des entreprises ont déjà ouvert la voie, traçant l’exemple pour les prochaines générations.

Ces entreprises qui ont sauté le pas

La dichotomie entre métiers « remote-friendly » ou non se retrouve en général dans les entreprises qui ont fait le choix d'adopter le full remote. Parmi celles qui n’ont désormais plus de bureaux, on retrouve principalement des sociétés dans le numérique.

L’une des plus emblématiques est certainement Automaticc, à qui l’on doit la célèbre plateforme WordPress et dont la valeur est aujourd'hui estimée à 3 milliards de dollars. L’entreprise n’a pas attendu le Covid pour se mettre en full remote, puisqu’elle a fermé son siège à San Francisco en 2017. Un choix courageux et avant-gardiste, qui l’a obligée à basculer ses 550 salariés en télétravail, à une époque où ce dernier n’était pas encore vraiment entré dans les mœurs.

Son fondateur, Matthew Mullenweg, s’est également imposé comme l’un des plus fervents partisans du full remote et un exemple pour nombreuses des entreprises qui ont suivi le pas. Présente dans 70 pays, Automaticc s’est appuyée sur un mix d’outils développés en interne et de solutions de communication externes pour maintenir ses opérations. L’entreprise alloue aussi 4 semaines par an dédiées au rassemblement de toutes les équipes dans des bureaux temporaires, loués pour l’occasion.

Autre exemple qui peut vous inspirer : celui de Basecamp. Ce fournisseur d’outils de gestion de projet s’appuie sur ses propres logiciels (logique, certes) pour faciliter la collaboration à distance. Ses fondateurs ont même écrit un manifesto du full remote : Remote: office not required, publié en 2013 (ça ne nous rajeunit pas). Ils y qualifient les bureaux de « fabrique à interruption » et y partagent des bonnes pratiques pour être plus productifs en télétravail.

Le télétravail à temps plein, made in France

En France, les entreprises qui ont fait le choix du full remote sont certes moins nombreuses, mais pas moins audacieuses. Leurs rangs grossissent à vue d'œil, même si là encore, la grande majorité des « early adopters » sont des sociétés technologiques.

On peut en citer plusieurs, comme Boondmanager (qui édite des outils de gestion), Platform.sh (une solution de cloud) ou encore Fizzer et O’Clock. Plus surprenant, la startup immobilière Wizi ainsi que et l’ONG Institut Sapiens ont également sauté le pas. Dans les deux cas, c’est le porte-monnaie qui a servi de boussole stratégique... Le CEO de Wizi explique par exemple que les économies de 40 000 euros de loyer ont été un bon moteur pour passer au full remote.

Par ailleurs, la volonté de plus en plus marquée des actifs de la nouvelle génération de bénéficier de plus de liberté au travail est un ressort à prendre en compte pour les employeurs. Dans l'étude « Global 2021 Millennial and Gen Z Survey » du cabinet Deloitte, près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré que leur première priorité était la flexibilité. Reflet de cette tendance, la plateforme d’annonces d’emploi nouvelle génération Welcome to The Jungle propose même une rubrique pour les jobs disponibles à distance.

Chez OpenClassrooms, nous nous sommes aussi lancés en septembre 2020, en adoptant une politique du « remote-first ». Dans le cadre de cette dernière, tous les collaborateurs ont signé un avenant à leur contrat de télétravail. Même si les équipes sont réparties aux quatre coins de la France (et parfois à l’étranger), il reste toutefois possible de réserver une place pour venir travailler dans l’un des bureaux de l’entreprise, ou depuis un espace de coworking.

Une exception plutôt que la règle

Malgré tous ces exemples, le full remote est loin d’être la norme sur le marché du travail français. Même si les entreprises lui donnent une place toujours plus importante, il n’est pas pour autant une généralité et s’intègre parfois dans des politiques plus flexibles. Par exemple, le groupe Novartis propose à ses 2 000 employés de choisir entre le full remote, le full présentiel, ou un mix des deux. Idem chez Accenture ou PSA, qui misent sur la flexibilité avec des bureaux répartis partout en France, des espaces de coworking partenaires et un coup d’accélérateur sur le travail à domicile et le nomadisme.

À ce stade, vous vous demandez peut-être si le full remote est fait pour votre entreprise et vous avez sûrement de nombreuses questions. Pas de panique ! Nous vous proposons de décrypter les principaux avantages et inconvénients du full remote.

Les avantages à passer au full remote

Le travail à distance facilite la vie des entreprises et des employés. Selon Global Workplace Analytics, près de 68 % des employés interrogés considèrent qu’ils travaillent mieux en full remote. Et en effet, ce modèle présente de nombreux avantages pour les organisations :

Le premier, et celui qui est le plus souvent mis en avant par les entreprises, c’est les économies en temps que permet de réaliser le modèle full remote. Le fait de ne plus avoir à payer le loyer de ses bureaux (et tout ce qui va avec, comme l’électricité et le chauffage, en particulier dans le contexte actuel) n’est en effet pas anodin.

Le full remote permet aussi de proposer à ses employés de meilleures conditions de travail. En facilitant l’équilibre entre travail et vie perso et en offrant à ses équipes la possibilité de voyager ou de simplement rester à la maison, le travail à distance peut devenir un réel plus pour votre marque employeur. Et un hameçon efficace pour attirer et retenir les talents ! Si vous n’êtes plus physiquement limité à une ville ou une région, vous pouvez considérablement élargir l’amplitude de votre stratégie de recrutement.

Enfin, même si passer du présentiel au travail à distance peut représenter un challenge au début, le full remote favorise un modèle organisationnel plus efficace. Il pousse en effet votre entreprise à adopter une approche plus horizontale et rend la communication plus transparente.

Les principaux inconvénients du travail 100 % à distance

Mais ne nous voilons pas la face pour autant. Si tout le monde n’a pas sauté à pieds joints dans ce nouveau monde du travail full remote, ce n’est pas uniquement par frilosité face au changement (bien que cette dernière joue beaucoup !). Ce modèle représente aussi des inconvénients, ou plutôt des défis à relever pour ses nouveaux adeptes.

En effet, certains considèrent que le full remote n’est pas compatible avec les animaux sociaux que nous sommes. Des interactions réduites avec ses collègues ne sont pas uniquement des pièges pour la collaboration ou la cohésion d’équipe. Ce sont aussi des facteurs d’ennui, d’isolement et de solitude qui ne sont pas vraiment synonymes de bien-être au travail. Sur le long terme, on devra bel et bien mesurer l’impact du full remote sur la satisfaction, mais aussi la santé mentale des travailleurs.

Par ailleurs, le full remote implique une organisation millimétrée et un niveau de discipline plus intensif qu’en présentiel, au moins au début. Tout se jouera au moment de la transition et de l’accompagnement qui sera offert aux employés comme aux managers. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est plus facile pour de jeunes entreprises de se lancer, que pour de grands groupes pour lesquels toute une culture interne est à revoir.

Des pistes pour mettre en place le full remote dans son entreprise

Si vous êtes tout de même convaincu de la pertinence du full remote pour votre organisation, n’oubliez pas que sa mise en place demande une bonne organisation ! Le full remote, c’est une question de préparation. Pour vous assurer que ce mode de travail fonctionne pour votre entreprise et vos équipes, voici quelques pistes à explorer :

  • • Baliser les horaires de travail pour éviter les débordements (dans les deux sens : pour les flemmards comme pour les hyper-bosseurs).

  • • Adopter les outils adéquats, pour assurer une communication synchrone et asynchrone.

  • • Adapter le management pour bien motiver vos équipes et récompenser leurs efforts.

  • • Prévoir des moments pour se réunir et renforcer la cohésion d’équipe.

  • • Travailler à la création d’une vraie culture d’entreprise digitale, pour favoriser un sentiment d'appartenance malgré des interactions sociales limitées (en recréant les conversations à la machine à café dans un canal dédié sur Slack, par exemple).


Noémie Kempf

Content Strategist et créatrice du podcast The Storyline, Noémie Kempf explore les rouages du storytelling et a rédigé de nombreux articles sur la place des marques dans le futur du travail.

Précédent
Précédent

Comprendre (enfin) les différents modes de travail hybride

Suivant
Suivant

Comment recruter un apprenti sans se planter ?