Les sciences cognitives comme colonne vertébrale du learning design

Pédagogie et sciences cognitives

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Si vous évoluez dans le secteur de l’éducation, nous n’avons certainement pas besoin de vous le rappeler : la formation fait face depuis quelques années à des mutations et des défis sans précédent. Diversité croissante des apprenants, explosion du volume de contenus disponibles, nouveaux usages induits par la technologie… Sous l’influence de ces facteurs, l’ingénierie pédagogique se transforme rapidement.

Alors, pour répondre aux nouveaux enjeux qu’implique cette transformation, il devient indispensable d’explorer de nouveaux outils, notamment technologiques (coucou l’intelligence artificielle), mais pas que… De nombreux learning designers puisent désormais dans les sciences cognitives pour mieux comprendre les apprenants et leurs comportements. Et ce faisant, ils conçoivent des expériences d’apprentissage sur mesure, à la fois plus engageantes et plus efficaces.

L’éducation de demain, d’autant plus sous la pression croissante des nouvelles technologies sur le secteur, repose sur la capacité des ingénieurs pédagogiques à marier innovation et rigueur scientifique. 

Mais concrètement, n’est pas savant qui veut. Comment tirer parti des avancées scientifiques pour transformer votre approche pédagogique ? Dans cet article, nous vous proposons un zoom sur les apports des sciences cognitives, et comment elles permettent de répondre aux besoins d’une génération connectée et en quête de sens !

Qu’est-ce que l’on entend par sciences cognitives ?

Si on a souvent tendance à voir les sciences cognitives comme une discipline complexe, réservée à une petite poignée d’experts, il n’en est rien. Au contraire : elles infusent profondément la conception d’outils que nous utilisons au quotidien. En effet, nombre d’applications fondent leur succès sur l’intégration des apprentissages et apports que nous offrent les sciences cognitives…

Bon, très bien - mais concrètement, qu’entend-on par sciences cognitives exactement, et en quoi vous concernent-elles  ?

Les sciences cognitives, c’est donc la discipline qui étudie les processus mentaux, tels que la perception, la mémoire, l'apprentissage, mais aussi le raisonnement, et la prise de décision… Bref, tous les outils mobilisés consciemment ou non au quotidien, lorsque l’on est exposé à de nouvelles informations. Ou que l’on travaille une compétence spécifique !

Et c’est là qu’elles deviennent intéressantes ! Pour simplifier, les sciences cognitives cherchent à comprendre comment les êtres humains (et parfois les animaux ou même les machines) acquièrent, traitent, et utilisent l'information.

Parmi les différentes disciplines qui les composent, on retrouve par exemple :

  • La psychologie cognitive, qui se penche sur les processus mentaux comme la mémoire, l’attention ou la perception ;

  • Les sciences cognitives, qui analysent plutôt les mécanismes biologiques et neuronaux derrière nos fonctions cognitives ;

  • L’intelligence artificielle, pour décrypter les processus cognitifs des algorithmes ;

  • Des disciplines comme la philosophie, qui se penche sur les concepts abstraits liés à la connaissance), l’anthropologie, la linguistique ;

  • Et bien sûr, les sciences de l'éducation, qui analysent les mécanismes de l’apprentissage et la transmission des connaissances.

Comment les sciences cognitives peuvent-elles renforcer le learning design ?

Les sciences cognitives ambitionnent donc de décrypter comment apprend notre cerveau. À ce titre, elles offrent des fondements scientifiques solides et actionnables pour les spécialistes de la pédagogie. Loin d’être une tendance ou une approche théorique déconnectée de la pratique, elles constituent des outils concrets permettant de prendre des décisions pédagogiques intentionnelles et d’élaborer des modèles d’apprentissage efficaces et structurés !

Concrètement, comment peuvent-elles renforcer, optimiser ou approfondir chaque brique du learning design ? On vous propose de décortiquer 5 leviers ci-dessous.

#1. Les sciences cognitives et l’apprentissage adaptatif

Les sciences cognitives nous montrent avant toute chose que chaque individu apprend différemment. Une expérience pédagogique, pour être efficace, doit s’adapter à chaque apprenant. En learning design, c’est ce que l’on appelle les systèmes d’apprentissage adaptatif, qui ajustent automatiquement le contenu et le rythme aux besoins de chaque individu.

Grâce à une compréhension fine du fonctionnement cérébral, les sciences cognitives permettent aux pédagogues de répondre aux besoins individuels des apprenants, optimisant ainsi l'acquisition des compétences. La plateforme Knewton Alta ajuste par exemple ses parcours de formation en temps réel, en fonction des performances (et des lacunes) des apprenants. 

Au-delà de l’adaptive learning, et si vous envisagiez également l’adaptive training ? Chez OpenClassrooms, suivant la conviction que chaque étudiant est unique, et que ses besoins d’apprentissage le sont tout autant, nous avons développé des modalités particulières dans le cadre du mentorat des apprenants, appellées Adaptive sessions. Le concept ? Des sessions de mentorat sur mesure, dont la durée s’adapte au fil du parcours apprenant, en fonction du niveau de progression et des besoins de chacun.

#2. La répétition espacée pour renforcer la mémoire

On ne vous apprend rien : la pédagogie, c’est l’art de la répétition.

Et bien, ce n’est pas que du bon sens populaire ! La recherche cognitive souligne en effet que la répétition espacée (soit le fait de revenir sur une même information ou de répéter une même action à intervalles croissants) favorise une meilleure rétention à long terme. La pratique redoutablement efficace de la récupération en mémoire espacée, qui appuie son efficacité sur l’effort de rechercher en mémoire une information ou un savoir (plutôt que la répétition mécanique, moins impactante sur l’apprentissage), a d’ailleurs été théorisée par Steve Masson, dans le cadre de ses 7 principes neuro-éducatifs.

Ce principe est par exemple mis en pratique par l’application Anki (un outil anglophone). La solution repose sur un algorithme de répétition espacée, idéal pour mémoriser des données ou des concepts (comme par exemple dans l’apprentissage d’une nouvelle langue ou dans les sciences médicales).

#3. La participation au coeur de l’engagement des apprenants

« On apprend en faisant ». Ce n’est un secret pour personne : la pratique est l’une des manières les plus efficaces pour ancrer un apprentissage ou renforcer une compétence ! Appliquée au learning design, l’intégration de cette dernière dans un parcours de formation permet d’engager les apprenants et booster la rétention d’information. Les sciences cognitives prônent l’engagement cognitif et l’activation neuronale - à la base de la mécanique d’apprentissage. C’est ce que fait ainsi Duolingo avec ses exercices interactifs et ses mini-jeux. Conçus pour enseigner les langues, ces formats participatifs permettent aux utilisateurs d’appliquer immédiatement ce qu’ils viennent d’apprendre.

Du côté d’OpenClassrooms, l’apprentissage par la pratique est au cœur de l’ingénierie pédagogique de nos formations, avec une approche reposant sur 20 % de théorie et 80 % de pratique. Cette dernière est réalisée par le biais de projets professionnalisants et concrets. Ce faisant, les apprenants travaillent sur des projets leur permettant de réellement acquérir les compétences essentielles à leur future vie professionnelle.

#4. Explorer plusieurs canaux sensoriels en s’appuyant sur la multimodalité

Les sciences cognitives nous montrent également que l'apprentissage est renforcé lorsqu'il engage plusieurs canaux. Et ce, que ces canaux soient visuels, auditifs, ou encore kinesthésiques (qui désigne la perception des déplacements des différentes parties du corps - on en apprend des choses dans cet article !).

Concrètement, en ingénierie pédagogique, cela peut se traduire par l’intégration de vidéos, de lectures interactives, ou encore de quiz dans vos parcours de formation. En multipliant les formats disponibles et en donnant le choix aux apprenants de choisir celui qui leur convient le mieux à un instant T, vous permettez à vos apprenants de choisir des modalités pédagogiques adaptés à leurs besoins - et donc foncièrement plus efficace.

#5. Le microlearning : fractionner l’apprentissage en petites unités

Vous êtes en recherche de méthodes pour prolonger le temps d’attention de vos apprenants ? Bonne nouvelle, les sciences cognitives peuvent vous aider à y parvenir - et ce, en concevant des sessions d’apprentissage courtes et ciblées. En effet, les apprenants arrivent mieux à se concentrer lorsque la formation est fractionnée en petites unités que pendant un cours long et intensif (et potentiellement barbant). Ainsi, par exemple, chez OpenClassrooms, les formations sont fractionnées en modules courts, afin d’optimiser le temps d’attention des apprenants et de leur permettre d’intégrer plus efficacement les concepts pédagogiques.

Blinkist propose par exemple des résumés de livre sous forme de sessions courtes, idéales pour un digest en quelques minutes. Un bon exemple dont vous inspirer en créant des formats “récap” de vos formations, par exemple !

7 conseils pour intégrer les sciences cognitives au learning design

Vous avez désormais un bel aperçu de la manière dont les sciences cognitives contribuent à améliorer les contenus de formation et les expériencesd’apprentissage.

Alors, pour intégrer ce nouveau corpus de données à votre stratégie de Learning & Development, nous vous invitons à suivre ces quelques conseils :

  1. Intégrer la répétition espacée. Créez par exemple des contenus de révision et/ou des quiz, répartis dans toute la formation pour renforcer la mémorisation à long terme ;

  2. Encourager l’engagement, en proposant des ateliers pratiques pour mobiliser l’attention des participants ;

  3. Explorer la gamification (avec des mécaniques ludiques comme des défis, et le classement des meilleurs apprenants du mois, par exemple) pour stimuler la motivation des apprenants ;

  4. Miser sur l’intelligence artificielle, notamment pour intégrer l’apprentissage adaptatif à vos expériences de formation et les personnaliser pour chaque apprenant ;  

  5. Proposer des formats multimodaux en diversifiant aux maximum vos supports d’apprentissage (sans créer d’usine à gaz de complexité, bien entendu) ;

  6. Faciliter la collaboration entre apprenants, afin de permettre à chaque participant de renforcer ses connaissances en les partageant et en les confrontant à celles des autres. Cela peut passer par la création d’espace de collaboration en ligne ou en organisant des ateliers en petits groupes pour la formation en présentiel ; 

  7. Creer des situations de feedback pour les apprenants, afin de renforcer ou modifier les connexions neuronales.

Utiliser les sciences cognitives, c’est créer des expériences d’apprentissage qui s’appuient sur une compréhension fine du fonctionnement du cerveau de vos apprenants. Utiliser l’ingénierie pédagogique et les sciences cognitives pour développer des mécanismes d’apprentissage créant une profonde expérience de transformation de vos collaborateurs… Que demander de plus ?

Vous souhaitez aller plus loin et découvrir comment dynamiser vos parcours pédagogiques ? Et si vous suiviez notre cours gratuit, dédié à l’apport des neurosciences sur l’apprentissage ? Vous y découvrirez les leviers de la neuropédagogie et des cas concrets pour vous inspirer !

Et si vous êtes à la recherche d’un Ingénieur Pédagogique pour renforcer vos équipes et donner un coup de boost à votre stratégie de Learning & Development, n’attendez plus : la perle rare est peut-être dans notre vivier d’alternants

Noémie Kempf

Content Strategist et créatrice du podcast The Storyline, Noémie Kempf explore les rouages du storytelling et a rédigé de nombreux articles sur la place des marques dans le futur du travail.

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