IA et futur du travail : les prédictions de Samuel Durand

IA et futur du travail

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Auteur de la série de documentaires Work In Progress, dont le dernier volet, "AI at Work", est sorti récemment, Samuel Durand explore les transformations majeures qui redessinent aujourd’hui le paysage professionnel de demain. 

Dans cet entretien, il nous livre ses réflexions sur l'impact de l'intelligence artificielle (IA), les nouvelles dynamiques de travail à l’aune de la ruée vers les technologies numériques, ainsi que les stratégies pour recruter efficacement dans ce contexte en constante évolution. Samuel nous offre également des perspectives éclairantes et des conseils pratiques pour anticiper et accompagner ces changements.

Travail en 2030 : des transformations profondes à l’horizon

Lorsqu’on lui demande à quoi ressemblera le marché du travail en 2030, Samuel Durand répond sans hésiter : « Demain, on travaillera moins de temps au bureau, et on pourra ré-allouer ce temps sur d'autres formes de 'travail', qu’il s’agisse de temps allouer à son foyer, ses passions, sa communauté, etc » 

Moins, mais mieux, donc, avec des évolutions profondes dans les modalités de travail qui s’annoncent elles aussi conséquentes : « en 2030, une part significative de la population se consacrera à des activités de soutien. Certaines études affirment que 25 % de la population sera impliquée dans des rôles d’aidants ! Cette évolution promet de s’accompagner d'une réévaluation des rythmes et des modalités de travail, doublée d’une prolongation de la vie active qui va impliquer des cadences ajustées aux besoins individuels et aux contextes de vie. » Autrement dit, nous nous apprêtons à travailler plus longtemps, mais très certainement sous des modalités et des formats qui promettent d’évoluer. 

Dans le cadre de cette transformation, selon Samuel Durand, la technologie, et en particulier l’IA, s’apprête à jouer un rôle central. Les promesses de gains de productivité, permis par les algorithmes, aideront les travailleurs à réaliser des tâches plus rapidement et efficacement, libérant ainsi du temps pour les loisirs et les activités personnelles. « L'IA intégrée dans notre quotidien nous aidera à faire mieux en moins de temps, » précise-t-il. Une porte ouverte à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle ! 

Destination télétravail : une réorganisation des territoires à intégrer dans les stratégies RH

Autre bouleversement profond attendu par Samuel Durand : l’accélération du télétravail, amplifié par les changements climatiques, qui promet de redessiner la géographie du travail. 

« Avec des températures plus élevées, les gens chercheront à quitter les grandes villes pour des zones plus agréables en termes de qualité de vie », explique-t-il. « Cette migration contribuera à redynamiser les territoires annexes et désertés, offrant une nouvelle vitalité aux zones rurales. Le télétravail deviendra la norme, exigeant des entreprises une adaptation profonde de leurs méthodes de gestion et de collaboration. »

De nouvelles modalités, qui impliquent pour les organisations de bien comprendre les avantages du télétravail et de mettre en place des politiques RH efficaces. Samuel Durand observe ainsi que, après la vague de généralisation du télétravail suite à la pandémie de Covid-19, de nombreuses entreprises ont abandonné leurs politiques remote, revenant sur leurs décisions et n’ayant pas saisi les bénéfices du travail à distance. 

Selon lui, c’est une erreur : « Ces entreprises qui exigent de leurs collaborateurs le présentiel se trompent. Ce qui compte vraiment, ce n’est pas le temps travaillé ou la présence dans un bureau, mais l'engagement et la capacité à créer du collectif, même à distance », affirme-t-il. « La clé réside dans la mise en place de pratiques qui favorisent la cohésion et la collaboration, peu importe la distance. »

Réinventer la fonction People à l’aune des nouvelles technologies

Vous n’êtes pas sans le savoir : l’intelligence artificielle est un vecteur de transformation puissant pour les entreprises, et la fonction People n’est pas en reste. Si certaines tâches promettent d’être entièrement déléguées aux IA, selon Samuel Durand, d'autres seront au contraire augmentées et protégées par la technologie.

« L'objectif pour chaque collaborateur sera de se débarrasser d’un maximum de tâches à faible valeur ajoutée dans la journée, et d’avoir un maximum de tâches augmentées et protégées dans sa journée », précise-t-il. Par exemple, les sessions d’entretien seront enrichies par des données fournies en direct par les IA, permettant aux recruteurs de mieux connaître les candidats et de se concentrer sur la qualité de l’interaction avec ces derniers plutôt que de se laisser distraire par la prise de notes.

L'IA facilitera également les mises en situation spécifiques pour évaluer les compétences des candidats. Plutôt que de mobiliser des experts métiers pour créer des cas d'usage, les recruteurs pourront utiliser des outils comme ChatGPT pour générer des scénarios d'évaluation sur mesure. Une approche qui est dores et déjà possible aujourd'hui !

En matière de formation, enfin, les technologies augmentées et intelligentes promettent d’accompagner la création de parcours personnalisés, adaptés aux besoins, au rythme et aux préférences dans les modes d’apprentissage de chaque collaborateur. Des outils comme NEOBRAIN, qui offrent des solutions de mapping des compétences, sont déjà en train de transformer la manière dont les entreprises identifient et développent les talents. « L'IA peut identifier des compétences secondaires et proposer des formations adaptées, ce qui est un atout considérable pour les entreprises », ajoute Samuel Durand.

Le futur des compétences sous l’impulsion de l’IA

Les compétences recherchées par les recruteurs, justement, sont elles aussi vouées à évoluer drastiquement et rapidement sous l’influence des IA. Mais anticiper cette évolution n’est pas simple ! Afin de naviguer efficacement dans un paysage en évolution constante, Samuel Durand recommande de se concentrer sur le potentiel des candidats plutôt que sur leurs qualifications actuelles.

« La bonne approche, c’est de recruter sur le potentiel plutôt que sur le CV », affirme-t-il sans hésiter. « Les recruteurs doivent rechercher des personnes capables d'apprendre et de s'adapter, plutôt que des experts. Cette approche permet de garder une flexibilité dans la stratégie de recrutement, mais aussi d’assurer la diversité et l'innovation au sein des équipes. »

Le futur du travail, tel que décrit par Samuel, est un paysage en mutation permanente. Pour les leaders de la fonction RH, ces transformations représentent autant de défis que d'opportunités.

La clé ? Adopter une approche ouverte et flexible, en mettant l'accent sur les valeurs et le potentiel des candidats, et en intégrant judicieusement les technologies émergentes sans pour autant remplacer la compétence humaine. 

Noémie Kempf

Content Strategist et créatrice du podcast The Storyline, Noémie Kempf explore les rouages du storytelling et a rédigé de nombreux articles sur la place des marques dans le futur du travail.

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